Oh là ! Le voyant Jean Veloppe a les chevilles qui enflent ! Vous êtes dans le vrai, sauf que ce n’est pas de ses chevilles qu’il s’agit mais des chevilles Molly du digital, ces fixations universelles qui ont aussi leur limite comme l’explique la parabole du décorateur qui conclura ce post.

L’actualité du marketing multicanal (voire l’actualité tout court) de ce début d’année nous a donné de beaux exemples sur les limites du 100% digital.
En voilà cinq. En commençant toutefois par un contre-exemple :  

1

Le 13 janvier 2019 l’Elysée annonce l’envoi d’une lettre en bonne et due forme, c’est-à-dire sur du papier et sous enveloppe aux 45,5 millions d’électeurs en France. Parce qu’une lettre, ça doit être une lettre (sic). Mais Emmanuel Macron fera vite marche arrière en privilégiant les grands médias et surtout le web pour son grand débat, complété par quelques houleuses visites sur le terrain. On connait la suite. Qui sait si une vraie bonne lettre touchant TOUS les français, y compris ceux qui n’ont pas accès au chapitre digital n’aurait pas changé la donne ? Il y avait bien sûr aussi la télé, la radio, les journaux, des canaux par milliers. Mais il n’y aura toujours qu’une seule et unique boite aux lettres.


La boite aux lettres de M. Souris, pompier à la retraite à St Martin d’Abbat (45)

2

Le 2 avril se tenait à Paris les trophées de la « silver économie ».  Marché des personnes « VERY SENIOR » en pleine explosion (on vit de plus en plus vieux, tant mieux, mais comment ? …). Huit jours plus tard, premier jour pour la télédéclaration des revenus en ligne, les médias font état que 20% de foyers français sont dans l’incapacité d’utiliser ce service car ils ne disposent pas d’internet, ou tout simplement ne savent pas s’en servir, notamment les personnes d’un certain âge. Les very seniors, quoi. Qui veut passer à côté d’un tel marché ? Sûrement pas le fisc.


Le fisc lance une grosse campagne en presse, notamment TV Magazine, pour expliquer que ce n’est pas au contribuable de s’adapter aux outils mais l’inverse

3

Le 11 avril, en plein salon du e-marketing, Amazon avoue son incapacité à toucher tous les français par les seuls moyens digitaux. Il fait la promo de ses ventes flash de printemps sur de pleines pages de la presse quotidienne nationale, comme Le Figaro. Le même jour arrive dans ma boite aux lettres une enveloppe de Booking.com et, le lendemain, une autre de Google.


Les GAFA se mettent au papier

4

Ce printemps, toujours, le site www.alsacesaveurs.com a décidé de recruter à l’aide d’un catalogue « papier ». Il trouvait jusque-là inconcevable de devoir embaucher une opératrice de saisie pour ressaisir des commandes et des paiements que les internautes saisissaient eux-mêmes dans Prestashop. Bien lui en a pris car un marché de près de 10 000 acheteurs à distance de produits régionaux alsaciens qui lui était totalement inaccessible à ce jour par le web s’ouvrait désormais à lui. Avec de savoureuses perspectives de développement comme le doublement de son CA dans l’année à venir.    

Un pure player des produits régionaux se met au print et double le nombre de ses commandes en accédant à un marché insoupçonné

5

Début mai l’e-commerçant www.cflou.com rajoutera un canal supplémentaire à sa stratégie multi canal en lançant son « bus de démonstration » sur les routes de 35 villes françaises. Il opère, lui aussi, sur ce marché de l’hyper senior et a, lui aussi, triplé son CA depuis la mise en œuvre d’un astucieux couplage multi canal « print to web » destiné conjointement à l’utilisateur qui découvre ses solutions d’aides à la vue dans un catalogue adapté à son handicap et au prescripteur-aidant qui passe les commandes pour lui sur le site.

Après le catalogue papier, l’asile colis et la presse, l’e-commerçant Cflou lance son bus de démo


Doit-il changer de mur ou de fixations ?

Tout ça me fait penser au décorateur qui doit habiller les quatre murs d’une pièce et qui s’équipe d’une bonne perceuse et de chevilles molly pour accrocher les tableaux. Et rien d’autre, puisque dans son esprit les murs ne doivent être faits que de placo plâtre. Mais voilà qu’un mur est fait de béton… Doit-il changer de mur ou de fixations ?

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